mardi 6 janvier 2015

Heureux ceux qui cherchent vivent et cherchent le désert où Dieu se trouve.

Nous ne sommes pas pour dire « bonne année ».
En début d’année, je me demande quel a été mon but l’an passé, ce que j’ai réalisé comme époux, comme enfant ou dans ma vie professionnelle. Je me demande quelle a été la part de paix et de vérité dans ma vie.
Il ne faut pas quitter notre curiosité anthropologique essentielle. Il faut prendre courageusement entre ses mains cette soif existentielle de vérité, de conscience et de paix pour parvenir en fin de compte à la découverte du principe de notre vie. Quand nous sommes sur le bon chemin de cette quête, nous sommes comme celui qui conduit une voiture sans peur et sans hésitation.


Nous ne sommes pas pour dire « bonne année ».
Pour l’être croyant, le futur et le passé n’existent pas, seuls sont importants les mystères de l’amour et de la conscience. Seul compte le « je suis » ; ce qui fait que nous sommes comme Dieu lui-même se définit, tournés vers l’être, la vie et l’instant présent. C’est pas la porte de la conscience que nous découvrons que nous pouvons aussi dire « Je suis ». C’est ce qui est hors du temps qui fait notre vie. Si je reste esclave du temps, ne me demande ce que va devenir mon année, s’il y aura la paix ou la guerre et je suis malheureux. En attendant ce qui va se passer, j’oublie l’instant présent, alors que c’est dans cet instant que se trouve la semence de la vie.
En regardant le passé, j’ouvre des blessures. En regardant le futur, je meurs de peur. Passé et futur sont (alors) deux monstres qui me font dire intérieurement « C’est foutu ! ».
Pour échapper à la peur du passé et du présent, il faut juste regarder quelques mètres devant soi.

Il y a devant moi l’infini et le désert. Il y a au-dedans de moi le trésor, l’amour et la providence de Dieu. Nous ne sommes pas capables d’être (pleinement) une providence entre nous, car les soins que nous pouvons nous donner les uns aux autres sont bien moins forts que la providence.
Si j’en reste à mon identité humaine ; j’ai toujours peur, j’ai toujours des lacunes et la tentation de me confier à des assurances extérieures qui me laissent toujours des inquiétudes. La peur me laisse me renfermer sur moi-même. Rien ne peut nous prémunir contre les temps de désert et d’insécurité, ni la santé, ni l’argent, ni le travail. Au-delà des efforts de l’entraide humaine, ce qui fait que « Je suis » me donne la joie et la paix de celui qui n’a plus peur et qui a conscience qu’il est éternel.

Heureux sommes-nous si nous connaissons ce néant qu’est le désert. Dans ce désert, ce vide et ce néant, nous sommes des êtres de passions et d’exigences. Dans ce néant et cette mort, Dieu est vivant et existe. Sa première création est le néant et le vide, et il ne l’a pas fait en vain mais pour que l’homme éprouve cette peur, ce sentiment que « C’est la fin » et qu’il est déboussolé. Ceux qui sont dans ces sentiments sont plus proches de Dieu dans ce désert (que dans le confort).

Notre vie est un désert où il y à Dieu. Nos multiples petites morts quotidiennes sont des changements d’état continuels. Nous sommes plongés dans le sentiment du néant et de l’obscurité comme si nous étions dans le ventre de notre maman, avant de naître à la pleine lumière de la vie éternelle. Notre « sœur la mort » dont parle Saint François d’Assise est un enfantement qui nous ouvre à la Vie. Il faut passer par le néant pour prendre conscience de la vie qui se dévoile, pour découvrir ce que peuvent être la joie, la paix et la fraternité.
En acceptant de prendre conscience du néant de la vie, nos (petites) réponses (déjà construites) se vaporisent. Ce n’est pas l’homme qui fait le bonheur, mais c’est la vie qui se révèle à nous.
L’évangile nous dit que c’est dans le désert que se trouve la paix. Il annonce que toute montagne sera abaissée par le triomphe d’une humilité aussi grande que celle de Dieu. Il a accepté d’être petit alors qu’il est tout puissant. De même nous avons une part de puissance humaine, nous pouvons tuer ; mais cette puissance doit mourir pour être enfantée. Jésus nous dit que nous n’entrerons pas, dès aujourd’hui, dans le Royaume de Dieu si nous ne sommes pas comme des enfants.


Heureux sommes-nous si nous savons mourir (de toutes les petites morts de nos vies et abandonner nos plans, nos sécurités, les blessures du passé et la peur de l’avenir). Savoir « mourir » est important, car la mort et la vie ne se séparent jamais dans la vie terrestre. [Mors et vita conflixere mirando]
Pour vivre vraiment, il faut mourir en aimant et en consacrant tous nos talents à nos frères. Si tu as deux vêtements, deux talents, il te faut accepter de « mourir » en les donnant.
Il ne faut pas avoir peur de continuer son exode à l’intérieur de la vie humaine. Les israélites dans le désert ont reçu la providence de Dieu, au milieu de l’épreuve, de l’incertitude et de la mort. Dieu leur a donné la nourriture qui vient du ciel et de l’amour. Ils ont rencontré ce rocher qui donne l’eau vive et qui n’est autre que Jésus, avec eux dans le désert comme le dit Saint Paul dans l’épître de ce jour.
Les israélites qui ont eu peur dans le désert, qui ont abandonné la foi dans la providence et qui voulu retourner à l’esclavage en Égypte sont morts. Ceux de nos frères qui sont dans le désert et regardent d’abord leur santé physique et psychologique ne sont pas libérés.

Si vous êtes dans le désert, vous êtes dans un chemin où il faut regarder le Seigneur. Heureux êtes-vous si vous êtes dans le désert.
Cherchez le désert et la voix de Dieu qui n’est jamais dans les assurances extérieures, mais se trouve dans le néant … ouvert à la providence et à la Vie que Dieu veut nous donner. 


Image Marie Madeleine pénitente par Georges de la Tour

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