lundi 29 décembre 2014

Recouvrement de Jésus au temple, comment écouter la voix du seigneur

(Résumé des idées principales, réalisé de mémoire, sans garder une trace précise des mots du sermon).
La Vierge Marie a suivi son idée, sans comprendre où Jésus pouvait bien se cacher quand il restait au Temple, dans la « maison de son Père ». Avec Joseph, elle a cherché Jésus pendant trois jours après s’être aperçue qu’il n’était pas avec eux dans la caravane s’en retournant depuis Jérusalem vers Nazareth. Pendant un temps, ils n’ont pas eu l’idée qu’il pouvait être dans le Temple, mais ont suivi leur idée de l’endroit où il se trouvait. En le retrouvant elle lui dit qu’ils l’ont cherché et se sont inquiétés et le jeune Jésus répond qu’il devait être dans la maison de son Père.
Marie est Sainte et Immaculée, mais reste dans la condition humaine, marquée par la souffrance, la liberté et la quête incertaine de la volonté de Dieu.
Bien plus souvent encore que la Vierge Marie, nous sommes tentés de suivre notre idée et notre logique plutôt que d’écouter celle de Dieu. Il faut au contraire « lâcher prise », nous mettre à l’écoute et ne pas nous accrocher à toute force aux schémas et aux projets que nous avons construits. Bien souvent nous ne sommes pas assez attentifs à ce qui nous entoure et trop remplis de nos propres idées. Il faut avoir pris le temps de se remplir de Dieu pour bien pouvoir l’écouter et donner ce que nous avons reçu.
L’incertitude qui accompagne cette déprise de la tentation de construire notre vie uniquement sur des plans et une action volontariste fait partie de l’aventure et de la merveilleuse nouveauté que Dieu introduit dans nos vies ravagées par les blessures du passé.
Il ne s’agit pas de renoncer à toute forme de projet pour se laisser aller à suivre les événements, mais d’avoir le cœur à l’écoute, pour sentir les signes et écouter les signes de la volonté de Dieu, tout particulièrement dans les angles et les tournants de notre vie.
En Orient on dit bien souvent « Inch Allah », mais il faudrait plutôt dire « Inch » à l’homme. Nos vies dépendent en effet souvent bien plus de la nuque raide des personnes qui n’écoutent pas assez la voix du Seigneur que de l’action souveraine de Dieu.

Il nous faut donc prier pour être de plus en plus à l’écoute de la voix du seigneur, et de plus en plus libre intérieurement pour la suivre vers la plénitude que Dieu nous donne, y compris dans les moments d’incertitude et d’épreuve. 

jeudi 25 décembre 2014

Dans la nuit de Noël, naissance d’un Dieu de tendresse et de sagesse, en temps de persécutions.

Il faut savoir qui est Dieu. Dieu c’est la transcendance. C’est le Dieu de la création du ciel et de la terre, le Dieu des forces et des puissances. Quand on entend le tonnerre, on se dit que ce Dieu là nous fait peur.
Dans l’antiquité, les peuples avaient divinisé les éléments de la nature. On en a gardé l’idée que si on a fait du mal, Dieu va nous taper. On y trouve aussi l’idée de l’esclavage.
(Sous cette domination,) l’homme qui a besoin d’amour, de tendresse, de compréhension est limité. Il ne sait pas pourquoi il est là. Il cherche l’éternité et affronte l’inconnu de la mort. La philosophie ne donne pas de solution à ce mystère de la mort. Beaucoup de gens disent que c’est mieux de ne pas penser à la mort. Ils disent que notre vie n’est que sur la terre.
(Avec la nativité) Ce Dieu tout puissant s’est fait homme. Il montre qu’il a besoin de moi, la créature. Il accepte que son sort soit entre mes mains. La création est un mystère, mais il est un mystère encore plus grand : je suis plus fort que Lui. Dieu nous dit « Je veux te montrer à quel point je suis le Dieu de la tendresse et de la fragilité ».
En naissant parmi nous, Dieu a accepté de recevoir sur lui tout le malheur du monde. Il subit nos hypocrisies, nos crimes et nos malheurs. Il les accepte pour montrer sa solidarité avec ces hommes qui sont tellement éloignés du bonheur de la vie.

Les hommes se focalisent en effet sur les bonheurs extérieurs. On admire les décorations de noël, mais sans se demander ce qu’elles changent pour nous.  Jésus vient pour nous écouter. Même celui qui pense être « bien » a besoin d’être sauvé. Il a besoin d’être sauvé de l’ignorance sur ce que sont la vie et Dieu.
Nous disons à Dieu : « J’ai besoin de sécurité, d’assurance, de travail ». Il est venu pour nous donner encore plus, pour libérer ma vie et ma nature. Il est venu pour nous montrer la vie dans sa plénitude. Pour nous donner la vie en abondance, même au milieu des souffrance ou de la persécution. Elle est pleinement donnée aux véritables chrétiens, quelle que soit leur pauvreté. Dieu ne craint pas de souffrir le terrorisme, l’infidélité, les blessures et les flèches.
La vie avec Dieu est une merveilleuse aventure, elle est inespérée. Jésus nous dit « Guéris toi ! Ressuscite, portes ta croix, la souffrance et la faiblesse face à ce que tu subis des autres. » (Pour en sortir, nous cherchons) les sentiments extérieurs. Nous nous trompons en pensant que nous recevons la joie de l’extérieur. Dieu nous dit « Tu as le bonheur ». C’est la vérité en nous qui nous donne la fermeté, la stabilité et c’est cela qui change le monde.
Ce Jésus-là, c’est un message pour tous les persécutés, en Syrie, en Irak et ailleurs, pour tous les blessés, les torturés, les négligés, les insultés, les rejetés de leurs territoires. Ceux qui sont chassés, oubliés et rejetés ne s’écroulent pas et n’abandonnent pas peuvent aussi être dans un grand bonheur, par un merveilleux paradoxe.
Ils sont comme les bergers du soir de Noël. Ceux-ci étaient Juifs, mais rejetés du Temple, considérés comme impurs, incapables de témoigner dans des procès et insultés. Jésus est venu d’abord pour eux, et pour toutes les personnes qui n’ont plus le courage. Il est venu pour ceux qu’on regarde comme des voyous, parfois à juste titre. Il est venu pour ceux qu’on regarde aujourd’hui comme on regardait alors les bergers, comme par exemple les musulmans de notre époque.
Face aux rejets et aux persécutions, certains disent qu’il faut venir avec des armes, mais votre salut, c’est un petit enfant. C’est la douceur, le pardon, mais aussi la fermeté dans la justice. Dire cela, c’est très dur à entendre pour un irakien ou un syrien. Je sais quelle haine peut naître chez ceux qui ont tout perdu. Seule la religion chrétienne répond au mal par un Dieu qui s’est manifesté comme un amour absolu qui ne recule pas devant la vérité et agit avec sagesse et prudence.
Pour que nos fêtes ne soient pas des fêtes et des joies extérieures, suivies de moments où nous n’avons pas le moral, il faut s’appuyer sur Dieu. Il faut s’appuyer sur un Dieu qui est famille. Jésus nous dit vous êtes mes enfants. Dieu a un enfant. Il nous transmet le message d’une famille unie par l’amour de Dieu et qui protège l’enfant. 

Cette longue liste des criminels ancêtres de Jésus, c’est pour notre guérison

Certains évangiles sont les plus merveilleux et nous touchent au plus profond de nous.
Dieu nous comble, quelles que soient nos joies et nos tristesses extérieures. Jésus est fait pour nous donner le chemin du salut. La beauté de Noël, c’est l’apparition de la lumière aux bergers, alors qu’ils étaient dans la tristesse. Dieu écoute, c’est le (sens) du nom de Samuel dans la Bible, et c’est aussi le prénom d’un nouvel enfant de paroissiens, né pour le royaume.






L’Evangile du jour nous donne les noms des ancêtres de Jésus. Avec un peu de culture araméenne, si nous lisons cette liste, nous pouvons découvrir la signification des noms de ses ancêtres. Chaque nom révèle une des qualités de Dieu et nous pouvons alors savourer ses merveilles, on y voit qu’il dit qui nous dit qui il est.
En Orient, le nom oriente la mission et la charte qui définissent la personne.
Jésus, c’est « Le sauveur », cela dit sa mission.
Samuel, c’est « Dieu écoute » ; ce qui nous rappelle que chaque personne est là pour intercéder.
Elie nous rappelle le « Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » ; ce que nous percevons souvent avec nos yeux humains.

Dans la vie, on dit « Dieu, viens me relever, me sauver de tout ce que les orgueilleux m’ont fait. Les prétentieux m’ont écrasé, les dominateurs m’ont broyé ». Il y a de gens qui n’ont plus le goût de la vie. Tout est noir pour eux. Ils sont dans l’obscurité et les ténèbres et ne peuvent pas en sortir. Ce sont souvent des personnes qui ont grandi sous l’esprit gonflé et hautain de leurs prochains. Sans le faire exprès, nos proches peuvent enfoncer en nous des clous qui ne s’enlèvent que par une force divine. Dans ces situations, on est dans un complexe d’infériorité. Certains de ces dominés se suicident, d’autres sont comme tués moralement. Un prêtre que je connais a plusieurs fois essayé de se suicider. Il a des qualités, mais ne sent inférieur et sans dignité. Chaque jour, son curé lui dit « Tes homélies sont nulles ». On ne regarde pas assez les souffrances des prêtres.
Jésus vient nous guérir de tout cela.

Nous avons honte de nous-mêmes ; honte des choses qui sont en nous et que la société condamne. Peut-être que je suis un criminel, un fils de voleur ou celui d’une prostituée ? Peut-être que j’ai commis un acte grave et que je me dis « Qu’est-ce que j’ai fait ? ». Adam et Eve eux aussi ont été détruits par la honte de ce qu’ils avaient fait. Comme eux, nous nous (sentons) obligés d’être dans le déni de l’acte qui nous fait honte ; et pourtant c’est Jésus qui pourrait avoir bien plus honte que tous les autres. Il naît en effet avec cette horreur de honte que constituent les (très nombreux) crimes de ses ancêtres. (prostitution, adultère, inceste, meurtre, adoration d’idoles). Jésus est par exemple issu d’un inceste, celui de Juda, père d’une des douze tribus d’Israël. Il couche en effet avec Tamar, la femme d’un de ses fils. Il pensait qu’elle était une prostituée et elle voulait avoir un enfant issu de sa famille. Elle cherchait en effet à obtenir une sorte de lévirat. Cette coutume voulait en effet qu’une femme veuve épouse le frère de son mari, ce qui est à l’origine du moment où on demande à Jésus ce qui se passe au paradis pour une femme qui aurait pratiqué le lévirat avec sept maris successifs qui auraient été sept frères ; mais Jésus répond que cela ne se passe plus ainsi au paradis.
C’est avec des vertus que je vais détruire ma saleté. Pour Jésus, le fait que je sois sale n’est pas un problème. Même pour un inceste, Dieu prend notre honte et l’amour de Dieu apparaît au milieu de tout cela.

/Nos condoléances sont pleines d’espérance et de joie. Ce qui est tristesse à nos yeux humains (ne l’est pas) aux yeux de Dieu. Celui qui va ressusciter au milieu de nous est vivant depuis l’éternité. Les Pères du concile de Nicée-Constantinople en 381 ont défini le Christ comme le Verbe de Dieu fait homme une fois et à jamais. Il est vivant et éternel et nous aussi, avant le corps et l’incarnation, nous existons.

dimanche 14 décembre 2014

Chants de Noël syriaques. Rite du feu. Btoulto Yeldat Doumoro



BThOuLTO YéLDaT DOuMoRO
TaW NIZ’AL NéTBaQè BéH
BQaShYSh MéN DoRé
DaB’aZROuRé KRiKh
SsoBo ‘ATYQ YaOuMoTo
DYLéDTéH BTOuLTo
GaBoRO DaTQaL tOuRé
DZaYaHTéH ‘ALaYMTO
HaW DYoHéB LaHMO
LKhaFNé  YNéQ HaLBo
A(y)Kh ShaBRo.
BRO DLaYT HWO
LéH ShOuRoYo ssBO OuaHWO
LéH ShOuRoYo WéTO LMaouLoDO
Ou ShOuLoMO
LaYT LéH 


Chant à la gloire de Jésus, le très ancien qui est enveloppé dans des langes, celui qui donne le pain et qui est allaité, celui qui pèse sur les montagnes et qui est célébré par une jeune fille, celui qui n'a pas eu de commencement et qui a voulu commencer. 

Vidéo de ce chant

Evangile du songe de Joseph, ou comment écouter la volonté de Dieu



Rien n’est impossible, c’est ce qu’on dit dans cet Évangile du songe de Joseph.
En apprenant qu’elle est enceinte alors qu’ils n’ont pas encore habité ensemble, Joseph veut répudier Marie. Personne ne peut le blâmer. Quand on voit une jeune femme enceinte sans être mariée, on dit que l’enfant ne vient pas du ciel ; mais dans ce cas, cet enfant est Dieu. Quand on voit ce genre de situation, on se dit que « cela suffit »  que c’est terminé, on veut la répudier ; mais le miracle à un sens et le travail de Dieu est miraculeux.
Pour bien vivre, il ne suffit pas d’être un homme pieux, d’essayer d’être un homme bon, de faire son devoir.
Le chrétien n’est pas celui qui fait (seulement) son devoir. On reconnaît le chrétien dans sa manière de recevoir les injustices venues des autres. Il dépasse les exigences de la justice en laissant le dernier mot à Dieu. L’homme simplement pieux demande une justice simplement humaine, mais ce n’est pas cela la chrétienté. L’homme pleinement chrétien laisser parler et fonctionner en lui l’Esprit Saint. Il le laisse faire son travail.
Il ne demande pas d’être traité de manière entièrement égale et symétrique. Cela serait la pire des choses de la vie.
L’amour ne connaît pas l’égalité (absolue). Il n’y a pas d’égalité entre l’homme et Dieu, entre un riche et un pauvre, entre un incapable qui a une bonne place et celui qui aurait mérité de s’y trouver, etc ….
Il faut savoir comment agir.
Face à une injustice, on est porté par la colère contre l’injustice. On se dit, « C’est pas possible, c’est insupportable, inadmissible ».
Le défi du chrétien se trouve dans la recherche du « comment agir ? » pour être en paix dans la justice, l’amour, la vérité, la confiance ; comment rester orienté vers son but, comment être un homme éternel, juste, lumineux, concret, sensible, miséricordieux, courageux et loyal. Il faut se demander comment l’être non pas seulement dans les paroles, mais dans la vie quotidienne.
Quand Dieu s’adresse à Joseph, il lui dit « Que fais-tu ? » ; il ne lui dit pas qu’il a tort. Il lui dit d’écouter la voix venue de Dieu. Cette écoute se fait en faisant taire en nous notre révolte, l’insurrection de notre logique et de notre conscience purement humaine.

Dieu dit à Adam de ne pas rester seul et le plonge dans un profond sommeil pour tirer Eve de son côté. Pour que je puisse prendre les bonnes décisions, il faut que je sois dans un sommeil aussi humble et silencieux que celui d’Adam. C’est aussi dans un songe que l’homme de Dieu a parlé à Joseph. Dans ce moment, il n’y avait pas d’intervention de sa part. Il était neutre et vide pour pouvoir prendre de bonnes décisions. Il faut que tout en nous soit silencieux et calme. La « conscience » ne doit pas intervenir, c’est la parole de Dieu qui doit nous parler. L’esprit de Dieu prie en nous.
Quand on a cette confiance en Dieu, il n’y a pas de place pour la peur dans le futur. Quand, au contraire, on n’est pas bien dans notre peau, on n’est pas bien dans notre esprit.
Au terme de notre vie, après parfois de longues maladies, on peut espérer être emporté vers Dieu, pour glorifier Dieu, entrer dans la Vie d’amour, de justice et de paix qui nous est promise.

lundi 8 décembre 2014

Sermon Zacharie et Elisabeth, le couple chrétien, la foi et la société.

Dans le conflit pour savoir quel nom donner à celui qui est devenu Jean le Baptiste, la famille de ses parents est restée unie contre les pressions de la société. Cet évangile nous montre comment la famille peut être le sommet de la société au lieu d’être dissoute par la société.
En Orient, la tradition était de donner à un fils premier né le nom de son père. C’était la marque d’une société patriarcale où les hommes sont les seuls à gérer et gouverner et où les femmes doivent obéir. Quelqu’un qui ne respectait pas cette tradition se coupait de sa communauté et subissait des humiliations. Savoir quel prénom choisir peut aussi provoquer des disputes à l’intérieur d’un couple.
Donner un prénom à un enfant n’est pas innocent. En Orient, les prénoms ont un sens clairement compréhensibles. Le nom donné à la naissance a un sens existentiel. Il correspond à la vérité de la personne. Donner un prénom à une personne c’est lui donner une charge et une responsabilité, comme on peut confier une entreprise à un dirigeant. Donner un nom désigne ainsi le sort de la personne, sa réussite ou son échec.
Dans le conflit pour savoir quel nom donner à celui qui est devenu Jean le Baptiste, la famille de ses parents est restée unie contre les pressions de la société.
Aujourd’hui, les familles subissent d’autres pressions qui font qu’elles ont du mal à garder leur unité. La société pousse le couple au conflit et à la séparation au nom de la liberté.
Aujourd’hui comme hier, la société s’attaque à l’autonomie et à l’unité du couple. Elle veut décider de la vie qui serait « normale » et veut rendre le couple esclave de sa conception du bonheur et de la tristesse. On a certes besoin de la société, mais elle ne doit pas avoir le dernier mot. C’est à la personne et à la famille de décider de ses choix.
Aujourd’hui la loi encourage la personne à ne pas être responsable et à ne pas admirer les sacrifices, l’écoute, le dialogue et la loyauté (dans le couple). La république dit « sois toi-même » et « ton mari doit être uniquement selon tes sentiments à toi ». Les lois aident à élargir les lacunes qui peuvent diviser un couple au lieu d’encourager la franchise, l’écoute et la recherche de solutions constructives. Les lois encouragent à suivre son orgueil et à faire de la rencontre de l’autre une simple source de plaisir personnel et pas un but en soi. Les lois oublient qu’il ne suffit pas que j’aie raison, mais qu’il faut aussi que cette vérité s’exprime dans la charité, l’amour et la tendresse et qu’elle sache absorber la colère de l’autre.
Ce qui est merveilleux dans l’Evangile de la naissance de Saint Jean Baptiste et du moment où celui-ci reçoit son nom, c’est de voir la réaction de Zacharie à un moment où il est muet et où il est aussi sourd.
(Comme il ne peut remplir son rôle traditionnel qui veut qu’il soit celui qui donne le nom de l’enfant nouveau-né), sa femme dit « Il s’appellera Jean », et elle le dit en écoutant Dieu. Zacharie ne sait pas ce qu’elle a dit, mais la société dit (qu’il faut écouter la tradition plutôt que le choix de son épouse). Elle dit « Tu vas détester ta femme et la répudier ». Zacharie au contraire dit la même chose que sa femme. Il le dit sans savoir ce qu’elle avait dit. Ils sont tellement unis (qu’ils disent la même chose sans s’être concertés). Ils dans la communion, uniquement par (l’intermédiaire) de Dieu.
Aujourd’hui par contre la fraternité (dans le couple et entre les hommes) est victime d’une fausse conception de l’égalité. C’est une égalité qui dit « tu m’as fait du mal, je t’en ferai aussi ». C’est le retour de la loi du talion. La société veut que l’individu se fasse Dieu pour abaisser l’autre. Elle encourage à dire « tu m’as fait du mal, je vais te détruire ».
L’égalité chrétienne, ne va jamais dans ce sens là. Si je suis mal traité, je fais comme Dieu. Lui n’a pas considéré son inégalité. Lui qui était de condition divine, il s’est fait homme et mis au service de l’homme. Il a accepté toutes les humiliations. La famille chrétienne est au-delà d’une conception trop réductrice de l’égalité. Elle apprend à se pencher sur l’autre, à l’aimer et à la supporter dans la fraternité, en passant par la croix* et en vivant à la manière de l’Evangile.
Dieu peut sauver les couples qui croient que Dieu peut sauver par l’amour. L’Evangile montre des familles avec un chef qui sauve et pas un chef qui détruit. Cet évangile montre un père de famille qui finit par s’ouvrir à l’écoute de Dieu et qui retrouve la parole en se laissant inspirer par Dieu pour donner son nom à son fils.
C’est une « bonne nouvelle » à transmettre à une société de couples déchirés.
Aujourd’hui, liberté, égalité et fraternité sont utilisées contre l’unité et la communion. Ne nous laissons pas prendre à ce piège de l’influence sociale.

On aime porter ce message d’unité et de communion à nos autorités du monde.
Image Sitevasari Zacharie par Aspertini 

Sermon : Qu’est-ce que la foi ?

Évangile de la Visitation. Elisabeth a eu la grâce d’avoir un enfant alors qu’elle était très âgée. Il faut rêver. Rien n’est impossible à Dieu. Il faut des rêves fondés sur la raison de Dieu, qui dépasse infiniment la raison que l’homme peut comprendre.
Le chrétien est l’homme de la foi.
La souffrance et l’ignorance de l’homme viennent du fait qu’il veut tout maintenir dans les limites de la raison humaine. Ceux qui ne croient qu’en leurs propres raisons vivent dans la déception et dans le déni de cette déception. Ils se séparent de la réalité au point d’en être schizophrènes. Ils s’emparent des mots, mentent, calomnient et profitent pour eux de tout ce qui est bon et bien. Ils savourent les idées et les pensées et les séparent de ce qui est vrai et essentiel.
L’homme anesthésie sa conscience, car si elle s’éveillait il souffrirait. Cette souffrance vient du fait qu’il y a une différence entre mes paroles bonnes et mes actes mauvais. J’ai conscience du bien que je veux et que je poursuis et je fais le contraire.
Pour sortir de cette souffrance, il faut que la raison humaine se mette au service de la raison de Dieu. Il faut être un homme de Dieu plutôt qu’un insensible cartésien, gonflé, perdu et égaré en lui-même. L’homme de foi est celui qui reçoit déjà ce qu’il espère. Il sait qu’il reçoit tout bien par la force de vie et de joie reçue de Dieu et pas par ses pouvoir humains. C’est la force de l’Esprit Saint qui donne la paix et le miracles dont le monde a besoin aujourd’hui pour rouler la pierre qui nous étouffe et nous enferme dans nos tombeaux.
Nous sommes sauvés aussi quand nous ne faisons pas de l’homme le critère de discernement entre le mal et le bien. Terreur, guerres, crises économiques et jeunes qui se détruisent intérieurement au lieu de se réaliser ; tout cela vient d’un manque d’espérance dans le salut apporté par une libération donnée par Dieu.
Nous sommes sauvés par l’amour de Dieu et pas par l’amour selon la fragilité, l’orgueil, l’arrogance ou les plaisirs et les passions de l’homme.
C’est uniquement avec l’amour que Dieu devient visible et qu’il nous donne notre identité. C’est cet amour qui nous apprend « pourquoi j’existe » et nous apprend à exister assez pour vivre éternellement.

Que rien ne vienne nous troubler ! Nous sommes troublé et nous avons besoin d’entrer dans la foi pour comprendre le sens et le « pourquoi » de nos vies. C’est ce « pourquoi qu’Elisabeth comprend lorsqu’elle tressaille d’allégresse en saluant la Vierge Marie. Elle voit et elle comprend l’accomplissement des promesses faites par Dieu.
La foi, c’est aussi faire la guerre avec Dieu. C’est discuter, demander, poser des questions. Dieu aime être gêné et dérangé. N’ayez pas peur de crier, de taper Dieu, de lui dire votre incompréhension de ce qui vous arrive.
N’ayez pas peur de lui porter aussi votre acte de foi en lui disant « Tu m’envoies vers la réalisation de la vie dans sa plénitude ». De lui dire aussi « Tu me donnes goût à la vie ».
Dieu fait des miracles, et c’est ce que dit Marie dans son « Magnificat ». Dieu a regardé son humble servante. Mon âme l’exalte car il a regardé l’humilité de sa servante.
Si je ne suis pas dans cette humilité, je ne suis pas dans la vie. En étant humble, j’écoute, je me donne, je deviens objectif. J’écoute ce que Dieu veut me dire, et par cela, j’écoute aussi ce qui est.
L’impossible peut alors devenir possible.
Alors on peut se demander si la paix peut être possible. Pour l’homme, non ; mais pour Dieu, oui.

Pour parvenir à cette paix, on a besoin de rencontrer le seigneur, d’interagir avec lui et avec notre volonté, pour que la parole de Dieu change toute notre vie.